Nouvelle exposition au château de Biron
Derrière ce titre équivoque se dissimule un programme de recherche expérimentale lancé en 2019. Il a pour ambition d’élargir le champ des réflexions sur les liens entre décoration et œuvre d’art, en laissant libre cours à la sensibilité d’artistes missionnés pour intervenir sur du mobilier ancien jugé désuet et sans valeur patrimoniale.
L’idée de confier quelques meubles démodés à des artistes plasticiens trouve ses prémisses dans les années 1970, lorsque le décorateur Serge Royaux (1924-2016) peignait en gris clair des meubles en acajou d’époque Empire pour l’aménagement des appartements de Trianon-sous-Bois à la demande de la Présidence de la République. Ainsi repensés, ces meubles se trouvaient transformés, réactualisés, rajeunis.
A l’ère de l’écoresponsabilité, le programme des « Aliénés » acquiert une nouvelle dimension, vertueuse et écologique. Alors même qu’une grande partie de la production de mobilier design soulève des questions fondamentales et contradictoires avec le concept de développement durable, le Mobilier national souhaite ouvrir la réflexion d’une possible métamorphose d’une frange du mobilier français menacée de disparition progressives. Dans l’inventaire à la Prévert des meubles ici présentés, force est de constater que leurs seuls points communs sont leurs caractères stylistiques basiques, quoique modernes en leur temps, mais aussi leur modestie historique et le degré zéro de leur impact carbone.
La véritable « matière première » que représentent ces objets souligne a contrario le manque de considération pour les matériaux de ces meubles durables, qui ne nécessitent ni abattage d’arbres ni découpe superfétatoire de marbres. Le travail mené sur eux, qui vise à décrypter et réactualiser la part de modernité de leurs lignes, doit conduire les plasticiens vers les champs de la pièce unique et de l’œuvre d’art usuelle, en réconciliant leur esthétique avec les temps modernes sans renoncer aux fondamentaux de la décoration, du style, du geste maîtrisé et du savoir-faire.
Une première exposition en 2022 avait posé les jalons de la démarche. Cette nouvelle session poursuit ce projet désormais ancré au titre de la recherche dans la création.
